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Rachel Bianconi : « Anticiper sa fin de vie, c’est le plus beau cadeau qu’on puisse faire à ses proches »

Portrait de Rachel Bianconi
Rachel Bianconi © Anthony Fontan

Après 25 ans de carrière dans le médico-social à accompagner les personnes les plus vulnérables, Rachel Bianconi est désormais entrepreneure et accompagnée en Couveuse par Az’Up, l’antenne d’Inter-Made dans les Alpes-Maritimes. Bien décidée à briser le tabou de la mort et à repositionner l’humain au cœur de ce secteur ultra-commercialisé, elle accompagne aujourd’hui les familles endeuillées avec humanité et transparence.

Qui es-tu et quel est ton parcours ?
Je suis Rachel Bianconi, j’ai 53 ans et je suis originaire de Nice. Durant 25 ans, j’ai travaillé dans le médico-social auprès de personnes en situation de maladie, de handicap ou de précarité. J’ai accompagné de nombreuses personnes en fin de vie et de familles en deuil. Quand j’ai décidé d’entreprendre, ça a été une double rupture  : avec le salariat et avec le médico-social. Durant ma carrière, j’ai pu observer ce moment où les gens font face à un besoin d’authenticité, d’écoute et d’informations claires autour de la mort. Il y avait une réelle demande pour un accompagnement plus humain, plus consciencieux et moins commercial.

Dans un contexte où nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre, avec des maladies de plus en plus graves et prématurées, se préparer à faire face à la mort est nécessaire. L’anticiper, c’est un cadeau que l’on fait à ses proches. Alors, après avoir été formée au domaine funéraire et à sa réglementation, au sujet du deuil et après avoir étudié les différentes approches et rites religieux, fonder un projet en accord avec mes valeurs de sincérité et de respect autour de l’accompagnement funéraire tombait sous le sens.

En quoi consiste Un autre départ ?
Un autre départ suit une conviction forte  : la mort ne doit pas être un tabou mais un passage à accompagner avec humanité. Née en novembre 2023 à Nice, la structure propose un service d’accompagnement funéraire sous la forme d’un suivi personnalisé à disposition des personnes et de leurs proches confrontés à un décès. L’objectif est de libérer les familles en offrant une information transparente et un soutien sur mesure  : je veux que chacun puisse faire des choix éclairés, sans pression commerciale. Je réalise également des ateliers collectifs en EHPAD et en résidences seniors pour briser les tabous autour de ces questions et sensibiliser les publics à l’anticipation de la fin de vie.

J’ai d’abord imaginé un autre départ comme un fil rouge, de l’anticipation de la fin de vie jusqu’à l’organisation et aux formalités après obsèques, en passant par l’accompagnement au moment du décès. Mon activité s’articule autour de trois axes que j’appelle les “3A”  : l’Anticipation, pour aider les personnes à préparer leur fin de vie en établissant leurs directives médicales, en organisant leur dossier administratif et en choisissant leurs obsèques. L’Accompagnement, pour être physiquement et émotionnellement présent au moment du décès pour guider les familles dans leurs choix funéraires et les démarches immédiates. Et enfin l’Assistance, pour prendre en charge toutes les formalités post-obsèques  : gestion des pensions, des animaux, résiliations d’abonnements ou questions de relogement.

Que t’apporte l’accompagnement en Couveuse ?
Je ne me retrouvais pas dans les méthodes d’accompagnement proposés par les autres incubateurs. En découvrant Az’Up, ça a été l’évidence, j’ai enfin pu sereinement associer mon projet aux principes de l’ESS, convaincre de son intérêt sociétal et de sa cohérence avec mes valeurs.

L’accompagnement en Couveuse m’apprend beaucoup sur l’entrepreneuriat en général et sur l’ESS, mais trois modules de formation m’ont particulièrement marquée  : la stratégie commerciale, la communication et l’étude de marché ont été décisifs dans le développement de mon projet. Cet accompagnement personnalisé, ce sont aussi des compétences qui sont mises à ma disposition, un accompagnement précieux, que ce soit en termes de contenu, des pistes de travail ou de posture entrepreneuriale.

Au-delà des compétences techniques, la communauté Az’Up a été déterminante. Les échanges avec d’autres porteurs de projets m’ont beaucoup apporté. Rencontrer ces entrepreneurs de l’ESS avec des valeurs de respect, de créativité, de proximité, de liberté et de partage m’a convaincue que mon projet avait sa place dans cette économie et j’ai appris à ne plus me sentir isolée dans cette aventure entrepreneuriale. Cet écosystème m’a donné confiance pour avancer.

Quelles sont les prochaines étapes du développement d’Un autre départ ?
Avec Az’Up, on travaille actuellement sur le changement de statut de mon entreprise et l’obtention de l’agrément ESUS, mais plusieurs chantiers importants se profilent. Je suis déjà en train de préparer le recrutement d’une assistante commerciale et d’une conseillère funéraire pour développer l’activité, et d’ici à trois ans, j’aimerais ouvrir un local à Nice pour accueillir dignement mon équipe et les familles.

Ce que je fais, je veux que d’autres personnes puissent le faire. Mon but, c’est la transmission, et c’est pour ça que j’ai pour objectif de développer des formations et des moyens de partager mon savoir-faire, car je reçois déjà des demandes de travailleurs sociaux ou de conseillers funéraires en reconversion.

A plus long terme, j’envisage d’ailleurs d’étendre le modèle au-delà des Alpes-Maritimes pour répondre au besoin des familles aux quatre coins de la France que je ne peux accompagner sans une avoir une proximité établie avec elles. Je veux mettre en place un véritable management participatif pour créer une équipe autonome capable de faire vivre le projet bien après mon départ et bien au-delà des bordures niçoises, c’est un peu là toute l’idée d’Un autre départ.


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