« Il y a beaucoup de créativité dans les projets en économie sociale et solidaire »

L’appel à projets pour le programme Starter, qui permet aux entrepreneur·e·s de préparer le lancement de leur activité et de créer leur structure juridique est lancé jusqu’au 9 février. À cette occasion, nous avons échangé avec Déborah Magalhaes. Animatrice de territoire Pays d’Aix et chargée d’accompagnement, Déborah effectue un suivi individualisé et attentif auprès des entrepreneur·e·s accompagné·e·s par Inter-Made.

Quel est ton parcours ?

Je suis originaire de Romans-sur-Isère, dans la Drôme, où j’ai grandi et vécu jusqu’à mes 18 ans. J’ai ensuite étudié le droit à Aix-en-Provence puis le management de l’innovation et de la propriété intellectuelle en master 2 à Lyon. En 2021, j’ai intégré Alter’Incub, un incubateur d’innovation sociale pour lequel j’ai travaillé en région Auvergne-Rhône-Alpes et en Occitanie. J’ai rejoint Inter-Made en janvier 2024 au poste d’animatrice de territoire Pays d’Aix et chargée d’accompagnement.

En quoi consiste ton métier d’accompagnatrice ?

Dans le cadre de nos programmes, les porteurs de projet sont non seulement accompagnés en groupe, mais bénéficient aussi d’un soutien individualisé. Le programme Starter étant court et intense, ma mission consiste surtout à aider les entrepreneurs à bien s’emparer des outils abordés lors des journées collectives. Je travaille par exemple avec eux à identifier le besoin social ou environnemental auquel leur projet répond. Je les aide aussi à consolider leur étude de marché, en identifiant clients, bénéficiaires et potentiels partenaires. Nous travaillons également leur matrice financière qui permet de définir un budget prévisionnel et un plan de financement.

Quels sont les défis auxquels les entrepreneurs de projets transformateurs sont le plus souvent confrontés ?

Les entrepreneurs sociaux ont des difficultés à trouver leur modèle économique. Ce sont souvent des projets qui pallient les manques des services publics, mais les subventions ne sont pas toujours faciles à obtenir. Ils sont donc obligés de diversifier leurs sources de financements. Ils sont aussi confrontés à des problématiques de lieux, car le foncier abordable est peu disponible à Marseille et à Vitrolles, territoire sur lequel je suis implantée. Enfin, c’est souvent quelque chose que l’on sous-estime, mais faire naître un projet entrepreneurial nécessite une posture particulière : il faut incarner son projet avant même que celui-ci n’aboutisse. On va donc aussi accompagner les entrepreneurs à acquérir ces savoirs-êtres.

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce que tu fais ?

C’est un métier qui nécessite d’être créatif pour dépasser des points de blocages. Par exemple, pour répondre à la problématique du foncier, on voit émerger de plus en plus de projets hors les murs. Un tiers-lieu avec une offre de restauration expérimentera alors un format de guinguette avec une offre de cantine itinérante, tandis qu’un espace destiné à accueillir du public pourra proposer ses activités chez des partenaires, avant d’avoir sa propre adresse. On s’appuie souvent sur la méthode Lean Startup, qui valorise l’itération et les tests en conditions réelles pour affiner les projets.

À l’automne dernier, j’ai ainsi eu le plaisir d’accompagner Laure Leslé, qui a monté la maison du deuil, un très beau projet qui permet de lever le tabou autour de la mort. Laure n’a pas attendu d’avoir un espace dédié pour mettre en place des évènements pour échanger sur le sujet de la mort et du deuil et va développer des formations pour professionnels, dirigeants d’entreprise et accompagner des personnes endeuillées. J’ai aussi accompagné Maïté Kaczmarek, qui développe l’association des moutons marseillais, élevage urbain itinérant composé d’une vingtaine de brebis, avec un service d’éco-pâturage et des animations de sensibilisation. C’est une initiative dotée d’un fort impact environnemental et très créatrice de lien social. Comme le montrent bien ces deux exemples, il y a beaucoup de créativité dans les projets ESS.